Le scandale des abus dans la LNH : un tournant?

10 décembre 2019

 

Paul Melia, président-directeur général du CCES, et Allison Forsyth, AthletesCAN – présidente du Comité pour la sécurité des athlètes dans le sport

Au Canada, quand le hockey fait la une, la population réagit. Nos politiciens, représentants gouvernementaux, dirigeants d’organismes sportifs et gens d’affaires sont aussi à l’affût.

Au cours des deux dernières années, dans la foulée d’une série de cas d’abus sexuel, les acteurs des milieux sportifs canadiens ont renouvelé leurs efforts en vue de combattre la maltraitance. Si les cas de nature sexuelle retiennent le plus l’attention, les recherches démontrent que toutes les formes de maltraitance, physique comme psychologique, sont communes dans le sport, et que chacune d’elles cause des torts importants aux victimes – des athlètes dans la plupart des cas.

Petit à petit, nous cheminons vers l’adoption d’un code de conduite universel qui définit les différentes formes de maltraitance. Notre défi est maintenant de voir comment le mettre en application efficacement à tous les niveaux de tous les sports au Canada. 

Les récentes allégations d’abus physiques et psychologiques visant des entraîneurs de la Ligue nationale de hockey (LNH) – un joueur aurait notamment été victime de propos racistes – ont placé la question de la maltraitance sous les feux de la rampe. Peu de sports ont un tel retentissement au Canada.

Il est intéressant d’entendre les représentants de la LNH et les journalistes qui la couvrent discuter de ce qui doit être fait dans la foulée de ces révélations. Certains réclament une redéfinition des méthodes de coaching, alors que d’autres jugent qu’il faut s’attaquer à la maltraitance de manière systémique, du niveau communautaire jusqu’à la LNH. On reconnaît que les entraîneurs de la LNH ne peuvent abuser verbalement ou physiquement de leurs joueurs. On exige qu’entraîneurs et joueurs suivent une formation obligatoire sur la maltraitance. On recommande que les entraîneurs du circuit Bettman soient assujettis à un code de conduite. On admet que les plaintes pour maltraitance devraient faire l’objet d’une enquête par un tiers indépendant. On évoque la nécessité de sanctions cohérentes, proportionnelles aux violations commises. Et on insiste sur le fait que le traitement de ces violations doit respecter une procédure équitable.

La LNH ne fait que commencer à se pencher sur le problème de la maltraitance et à envisager d’éventuelles solutions – la même démarche dans laquelle sont engagés les acteurs du sport canadien depuis deux ans. Or, l’attention que lui porte aujourd’hui la LNH remet l’enjeu au cœur de l’actualité.

La réalité – pour la LNH comme le reste du système sportif canadien – est que nous savons comment protéger les participants du harcèlement et de l’abus. Les expériences d’autres secteurs et les pratiques exemplaires ailleurs dans le monde nous l’ont montré.

Nous avons besoin d’un code de conduite universel qui s’applique à tous les sports à tous les niveaux et qui est administré par un organisme indépendant. C’est la façon dont nous luttons contre le dopage dans le sport et devrait être celle dont nous luttons contre la maltraitance. 

Profitons de cette recrudescence de l’intérêt des médias et du grand public pour la question grâce à la popularité de la LNH pour avancer plus urgemment vers un système universel de sécurité dans le sport au Canada.