Vancouver 2010 : des Jeux propres

12 février 2020

 

Par Jeremy Luke, directeur principal, Intégrité du sport, Centre canadien pour l'éthique dans le sport

Le dixième anniversaire des Jeux olympiques et paralympiques 2010 de Vancouver suscite beaucoup de réflexions. On évoque leurs retombées sur le pays et la population, mais aussi sur notre système et notre culture sportives. De manière générale, les Canadiens concluent à un vif succès : ce rendez-vous a ravivé la fierté nationale.

Vancouver a une signification personnelle et professionnelle toute particulière pour moi, puisque j’ai dirigé pendant quatre ans le programme antidopage du COVAN, le comité d’organisation des Jeux. Je faisais partie d’une équipe comprenant plus de 700 employés, sous-traitants et bénévoles qui travaillaient à protéger l’intégrité de l’événement. Notre mandat était clair et simple : mettre en œuvre le programme antidopage le plus sophistiqué qui soit. Je l’ai pris en charge en sachant que ce problème pouvait compromettre le succès et le legs des Jeux.

Si tous les intervenants ne s’engagent pas sans réserve à lutter contre le dopage, alors l’espoir de Jeux réussis au legs positif peut rapidement céder la place au doute et à la négativité. À l’émerveillement risquent de succéder la tricherie, le scandale et la dissimulation, qui délégitiment les réalisations des athlètes.    

J’exagère? Alors pensez aux Russes et au legs des trois derniers Jeux : Sotchi 2014, Rio 2016 et PyeongChang 2018.

Au COVAN, nous étions très conscients des risques associés au dopage, et faisions tout en notre pouvoir pour protéger l’intégrité des Jeux et offrir à tous les athlètes la possibilité de concourir à chances égales.

En partenariat avec deux organismes canadiens de calibre mondial, le Centre canadien pour l’éthique dans le sport, une agence antidopage, et le laboratoire de l’INRS, accrédité par l’AMA, nous avons collaboré avec le Comité international olympique et le Comité international paralympique à la conception et à la mise en œuvre d’un programme antidopage de pointe.

Nous avons mis en place des programmes de contrôles à l’approche des Jeux et lors des épreuves préparatoires. Nous avons aussi créé des programmes de sensibilisation pour mieux faire connaître les règles antidopage et ainsi réduire les cas de violation par inadvertance. Nous nous sommes dotés des outils de contrôle et d’analyse les plus avancés, et avons fait appel à des professionnels hautement qualifiés de partout dans le monde.

Au bout du compte, il n’y aura eu que trois contrôles positifs pendant les Jeux olympiques[1et un pendant les paralympiques. Après les jeux olympiques, les analyses rétroactives n’ont produit qu’un cas additionnel. Comparons ces résultats à ceux de Londres (60) et ceux de Beijing (68) selon les analyses rétroactives du CIO seul[2].

Le COVAN et le Canada n’ont ménagé aucun effort pour protéger l’intégrité des Jeux des risques de dopage, et cet engagement sincère à assurer le succès de l’événement a rapporté. Je suis très fier du fait que quand les Canadiens pensent aux Jeux olympiques et paralympiques 2010 de Vancouver, mon travail ne leur effleure jamais l’esprit.  

En ce moment où nous revenons sur ce legs et où la communauté sportive canadienne s’apprête à mettre en œuvre le nouveau Code mondial antidopage 2021*, réaffirmons notre engagement inébranlable envers le sport propre au pays. Nous le devons à nos athlètes.

* L’automne dernier, l’Agence mondiale antidopage a approuvé un nouveau Code mondial antidopage, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2021. Le CCES mènera des consultations pour s’assurer que le nouveau Programme canadien antidopage 2021 répond aux besoins de notre communauté sportive et respecte le Code de l’AMA.