Regarder les cérémonies d’ouverture des Jeux de Rio

4 août 2016

J’aime regarder les cérémonies d’ouverture des Jeux olympiques. C’est l’un des rares spectacles de ce genre dans les sports.

Des athlètes venus de pays petits et grands défilent dans le stade principal, des sourires perpétuels sur leurs visages, beaucoup en sautillant d’un pied sur l’autre ou en bondissant autour de la piste, mus par la fierté et le sentiment d’avoir un but.

Il est impossible de ne pas se laisser envahir par l’enthousiasme et l’impatience, car nous savons que des moments extraordinaires suivront – des moments de triomphe retentissant, des moments de défaite accablante et des moments de compassion et d’esprit sportif inspirants.

C’est notre raison de faire ce que nous faisons au Centre canadien pour l’éthique dans le sport. Et ce que nous faisons, c’est contribuer à rendre le sport meilleur. Par exemple, en tant que partenaires dans la lutte contre le dopage, nous faisons équipe avec des organisations nationales et multisports pour mettre en œuvre le Programme canadien antidopage (PCA), l’un des systèmes les plus sophistiqués et robustes de ce genre au monde.

En soumettant les athlètes canadiens à des tests toute l’année, tant au cours des compétitions qu’en dehors de celles-ci, nous contribuons à égaliser les chances pour permettre à tous les athlètes propres de participer et d’exceller. En outre, nous reconnaissons que la période précédant les Jeux olympiques et paralympiques représente une période à haut risque pour le dopage donc, nous intensifions nos efforts de contrôles. Dans les six mois précédent les jeux, nous utilisons nos systèmes de collecte de renseignements pour veiller à ce que tous les athlètes qui se rendront aux Jeux soient contrôlés au moins une fois au bon moment pour la bonne substance.

Les cérémonies d’ouverture des jeux de Rio ont une importance particulière pour une autre raison. Elles ponctuent une période douloureuse de trouble et de controverse sans précédent. Deux enquêtes indépendantes intensives ordonnées par l’Agence mondiale antidopage (AMA) ont révélé l’existence choquante dans le monde du sport russe d’un système commandité par le gouvernement visant à empêcher les athlètes qui trichent en se dopant de se faire prendre.

Comme il y avait des preuves irréfutables de la corruption du système et que beaucoup d’athlètes russes étaient présumés coupables de violations à la réglementation antidopage, l’AMA et beaucoup des principales agences antidopage du monde (y compris le CCES) ont exhorté le Comité international olympique (CIO) à profiter de l’occasion pour protéger les intérêts des athlètes propres de tous les pays. Dans les recommandations que nous avons faites au CIO, nous avons concilié équitablement le besoin de tenir le monde du sport russe responsable de ses actes collectifs et le droit de tout athlète russe propre de participer aux Jeux de Rio.

À peine quelques semaines avant le début des Jeux de Rio, le CIO a fait preuve de ce qui a été vivement critiqué comme étant un manque déplorable de leadership en rejetant la responsabilité de déterminer l’admissibilité des athlètes russes sur les diverses fédérations sportives internationales sans imposer de sanctions notables au monde du sport russe. 

En raison de ce manque de leadership ferme, les athlètes qui participeront aux Jeux de Rio seront moins assurés que jamais de l’égalité de leurs chances. Et les spectateurs les regarderont en voulant croire en l’incroyable mais sans pouvoir s’empêcher de soupçonner un dopage.

Toute la controverse et le vacarme des derniers mois ont détourné notre attention de ce qui devrait être la véritable histoire de toute célébration des Jeux olympiques ou paralympiques : la motivation et la détermination des athlètes que nous chérissons et le soutien que leur apportent des entraîneurs et spécialistes du sport dévoués.

Mais toute cette tourmente permet de mettre en évidence le lien qui unit toujours le sport fondé sur des valeurs et le sport de haute performance. Parce que, comme on dit, « l’un ne va pas sans l’autre ». Sans les valeurs qui sous-tendent le sport à haute performance, il ne nous reste que du sport sans morale qui peut être divertissant pour certains mais qui n’est pas du sport pur.

Il ne fait aucun doute que les histoires de dopage demeureront au premier plan de ces jeux : verrons-nous des athlètes russes obtenir un résultat positif à un test de dépistage de substances prohibées? Quel genre de réaction la présence d’athlètes russes sur le podium suscitera-t-elle? Quels changements, s’il y a lieu, seront apportés après les Jeux olympiques et paralympiques pour éviter une répétition du cirque qui a précédé Rio 2016?

En dépit de tout cela, essayons de ne pas oublier que le meilleur des Jeux olympiques et paralympiques représente tout ce qu’il y a de bon et d’honnête dans le sport de haut niveau. Le sport qui repose sur les valeurs que sont l’équité, l’excellence, l’inclusion et le plaisir ainsi que sur les principes du Sport pur est le meilleur des sports. En regardant les cérémonies d’ouverture et autant d’événements que je trouverai le temps d’en regarder, je rechercherai les moments qui nous rappellent, encore une fois, le pouvoir qu’a le bon sport de faire ressortir le meilleur de l’humanité.

Et bien que je sois toujours très préoccupé par le fait que l’engagement à l’égard du sport propre de certains leaders du sport soit extrêmement influencé par des intérêts politiques et commerciaux, j’espère que la compétition propre tiendra le devant de la scène à Rio et que, pendant au moins un petit moment, nous nous concentrerons sur ce que le sport est vraiment censé être.

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Dopage