Pensez aux enfants!

14 mai 2018
Par Doug MacQuarrie, Directeur de l’exploitation, CCES

J’adore le hockey. Quel sport magnifique! Rien de mieux que de regarder une bonne partie – surtout en séries. 

Comme les autres partisans de la Ligue nationale de hockey, j’attends ce moment durant toute la saison (même si je pourrais bien me passer des barbes!) Les séries, c’est le moment où ça joue pour la gloire, où les joueurs redoublent d’intensité et où les équipes se donnent à fond dans l’espoir de soulever la Coupe Stanley, le Saint Graal du hockey. On dit souvent que c’est la formule éliminatoire la plus éprouvante de tous les sports professionnels : des seize équipes en lice au début de ce tournoi éreintant, une seule soulèvera le trophée.

Pratiqué par des milliers d’adeptes dans le monde, le hockey est un sport rapide où les habiletés sont à l’honneur. Quand l’âge et la taille des joueurs le permettent, les contacts physiques sont au rendez-vous – c’est même une composante fondamentale du sport. À son meilleur, le hockey combine vitesse, mouvements électrisants et robustesse, sans oublier l’esprit d’équipe, qui y occupe une place essentielle. 

Mais le hockey ne devrait jamais être un sport vicieux. En d’autres mots, le jeu physique devrait servir à soutirer la rondelle à l’adversaire – parfois avec beaucoup d’aplomb, ce qui peut entraîner des blessures à l’occasion. Le livre des règlements établit d’ailleurs clairement dans quelles conditions le contact physique respecte ou enfreint les limites de la légalité. Les coups à la tête ou par-derrière, les violentes mises en échec le long de la bande ou celles où on voit les patins quitter la glace, les coups de genou, les cinglages, les doubles-échecs et bien d’autres gestes du genre sont interdits – ce qui va de soi!

Malheureusement, la LNH a basculé du côté obscur du jeu physique. À quel moment s’est-elle éloignée de façon si flagrante des règles du sport?

C’est regrettable, mais jusqu’à maintenant, dans les présentes séries, j’ai vu quantité de coups qui n’ont tout simplement pas leur place sur la patinoire : des gestes salauds et dangereux comme des doubles-échecs dans le cou, des charges dans la bande, des coups à la tête et tellement de ripostes. Pourquoi la LNH tolère-t-elle des comportements si manifestement déplacés? Très peu de ces gestes ont été punis. Quelques-uns ont entraîné une pénalité mineure, et une toute petite proportion, une majeure. Mais qu’un défenseur envoie par inadvertance une rondelle par-dessus la baie vitrée ou qu’un bâton en composite se brise au simple contact d’un autre, et soyez certain que les officiels séviront à tout coup! Donnez un coup de hache sur le bras ou la main d’un adversaire, et parions que vous allez vous en tirer... mais ne vous avisez surtout pas de frapper son bâton fragile!

Je trouve d’ailleurs déplorable que la LNH et tant de commentateurs tentent de rationaliser ces comportements tordus. Les joueurs de fin de semaine et tous ceux qui suivent l’exemple de ces héros professionnels ne manqueront pas de les imiter. Et que dire des enfants qui regardent ce spectacle?

Selon la Fédération internationale de hockey sur glace, on comptait 631 295 joueurs inscrits auprès de Hockey Canada en 2016-17 – pour la plupart des jeunes faciles à impressionner. Je déteste penser que certains de ces jeunes joueurs, assez talentueux pour espérer un jour en faire leur métier, finiront peut-être par croire qu’on peut aussi se tailler une place en manquant de respect envers l’adversaire; c’est là où pourrait nous mener la rationalisation de la perte de contrôle et la valorisation des actes gratuits et téméraires.

Pour éviter que cette philosophie empoisonne la prochaine génération, la LNH doit donc sévir sans tarder!

Et ne me parlez pas de léchage! Si la LNH avait sanctionné comme il se doit un geste si grotesque DÈS LA PREMIÈRE FOIS, il n’y aurait pas eu de récidive, et ce ne serait pas devenu une telle saga!

Messieurs les dirigeants : ça suffit!