Payons nos athlètes olympiques!

7 juin 2019

J’adore les Raptors de Toronto. Je les appuie depuis leurs débuts en 1995 et, comme tous les fervents de l’équipe, je suis comblé par leur présence en finale de la NBA. 

Au fil des ans, ils ont grandement influencé le basketball canadien, tant au niveau de la participation que du développement de joueurs d’élite (à l’exception des États-Unis, le Canada est maintenant le pays le plus représenté dans la NBA). Le fameux « effet Vince Carter » a transformé Toronto et le reste du Canada : notre amour du sport ne se borne plus au hockey. 

Travaillant principalement dans le milieu olympique, il me semble pertinent d’examiner ce qui rapproche et distingue celui-ci de la NBA. 

Lorsque j’ai travaillé aux Jeux de Vancouver en 2010, j’ai pu vivre concrètement l’expérience d’un pays qui se passionne pour l’événement et appuie les siens. Quel moment formidable! D’ailleurs, j’estime que cette finale à laquelle participent les Raptors, même si elle n’a pas la même envergure que les Jeux de Vancouver, a un effet semblable sur le sport canadien et notre fierté collective. 

Contrairement à la vision qu’entretient le Comité international olympique (CIO), je ne crois plus qu’on puisse réduire les Jeux au sport « amateur » et les ligues comme la NBA au sport « professionnel ». Cette distinction n’existe plus. Dans les deux cas, nous avons affaire à des entreprises sportives qui misent sur des ententes de radiodiffusion, de grands partenariats commerciaux et des vedettes au sommet de leur discipline. 

Malheureusement, leurs modèles d’affaires sont bien différents. Celui de la NBA prévoit une rémunération juste pour les joueurs, tandis que celui du CIO perpétue le mythe de l’amateur, si bien que les athlètes ne sont pas directement payés par l’organisation. 

Les joueurs de la NBA profitent d’une convention collective : la ligue consacre environ 50 % de ses revenus bruts à leurs salaires, et ils peuvent signer des accords publicitaires dans certains cas plus lucratifs que leur paie annuelle. Certains diront que ces athlètes sont trop grassement payés, mais là n’est pas la question : ils reçoivent une rémunération proportionnelle à la valeur de la ligue et à ce qu’ils lui rapportent au terme de négociations équitables. 

Les athlètes olympiques, eux, semblent privés de ce poids collectif. Difficile de dire quel pourcentage des revenus tirés des Jeux olympiques est remis aux participants (si tant est qu’on leur donne quoi que ce soit). Nous savons toutefois que des restrictions sévères empêchent ces athlètes de s’associer directement à la marque olympique et d’en solliciter le soutien. Considérant qu’ils sont au cœur du spectacle, leur traitement ne semble guère équitable. 

Je ne prétends pas que la NBA est sans tache. Les ligues professionnelles nord-américaines ont bien sûr des problèmes à gérer, au premier chef le manque de mesures antidopage efficaces et les inquiétudes que soulève la sécurité des joueurs de la LNH et de la NFL. Cependant, elles misent sur la négociation collective et versent aux athlètes une juste part des revenus engrangés – ce que devrait faire le CIO. 

Au même titre que leurs pairs de la NBA, les athlètes olympiques méritent une rémunération équitable. Le temps est venu de l’exiger!

-- Jeremy Luke, directeur principal, Intégrité du sport, CCES