Conflit d’intérêt dans l'antidopage

17 décembre 2015

Les poursuites judiciaires pour fraude et corruption à la FIFA, l’enquête pour dopage de la Fédération internationale des associations d’athlétisme (IAAF) et le ‘scandale du dopage’ russe soulèvent d’importantes questions concernant le rôle des gouvernements, des fédérations sportives internationales (FSI), des organismes nationaux antidopage (ONA), du CIO et de l’AMA dans la lutte contre le dopage dans le sport.

Le CIO se rend compte maintenant plus clairement que les FSI devraient se retirer des activités de contrôle de dopage et de gestion des résultats des cas de dopage à l’intérieur de leurs propres sports; c’est, et cela a toujours été, un cas extrême de conflit d’intérêt. Comme approche de rechange, le CIO a demandé à l’AMA de prendre charge des fonctions de contrôle de dopage et de gestion des résultats. L’AMA est cependant déjà l’organisme de réglementation et de contrôle de l’application du Code mondial antidopage. Donc, transférer les contrôles, les enquêtes et la fonction de gestion des résultats des FSI à l’AMA équivaut à transférer le conflit d’intérêt des FSI à l’AMA. Si l’AMA agit comme le régulateur de la conformité, il est inapproprié que l’AMA prenne charge de l’administration des contrôles, des enquêtes et de la gestion des résultats. Non seulement il s’agirait d’un cas de conflit d’intérêt (mettre le loup dans la bergerie), mais cela fera grimper le coût de l’administration du Code mondial antidopage si l’AMA doit mettre sur pied, à l’échelle mondiale, un programme d’administration des contrôles de dopage et des enquêtes et de la gestion des résultats.

Il existe une solution plus indépendante et plus économique. Faire en sorte que l’AMA « accrédite » des organismes nationaux antidopage structurés de façon autonome qui répondent à des normes rigoureuses en matière d’administration des contrôles de dopage, d’enquêtes et de gestion des résultats. Il existe aujourd’hui un réseau mondial de tels ONA qui sont prêts et désireux de jouer ce rôle. Les ONA « accrédités » pas l’AMA pourraient alors être engagés par les FSI pour prendre charge de leur travail antidopage. Cela serait analogue à la façon dont les laboratoires accrédités par l’AMA fonctionnent actuellement.

Les inquiétudes quant au fait que les organismes nationaux antidopage « accrédités » seraient en conflit d‘intérêt parce qu’ils reçoivent leur financement de leurs gouvernements et/ou qu’ils voudraient que les athlètes de leur équipe nationale évitent d’être repérés pour dopage, ne sont pas inattendues, mais peuvent facilement être dissipées. Tout comme pour les laboratoires accrédités par l’AMA qui existent dans les pays et reçoivent l’aide financière de l’État, l’AMA pourrait mettre en place les vérifications et les contrepoids nécessaires en vue d’assurer l’intégrité des activités des ONA.

Il faut garder à l’esprit que les buts premiers des FSI sont de développer leur sport, d’organiser des manifestations sportives et d’attirer plus de participants et de spectateurs à leur sport. Les violations de dopage dans leur sport sont extrêmement dommageables à l’ensemble de ces objectifs. D’où le conflit d’intérêt. Comparons cela avec les buts premier de l’ONA, qui est de détecter et d’empêcher le dopage dans tous les sports, d’éduquer les athlètes et le personnel de soutien des athlètes à propos de leurs droits et de leurs responsabilités ainsi que des dommages causés par le dopage et d’investiguer toute les formes de violation des règlements contre le dopage.

Engageons les ONA avec leur expertise et leur expérience dans le véritable but pour lequel ils existent : soit attraper ceux qui trichent en se dopant et les expulser du sport. Laissons les FSI développer et faire croître leurs sports (y compris la mise sur pied d’un environnement sportif propre). Et permettons à l’AMA d’assurer la conformité au Code mondial antidopage.

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